Dans une série de trois blogs autour du concept des compétences seront discutées les questions sur l’approche par compétences, l’opérationnalisation du référentiel de compétences ainsi que l’automatisation de la démarche d’évaluation des compétences au sein d’un ePortfolio.

« Approche par compétences », « référentiel de compétences », « évaluation des compétences », « compétences transversales » et bien d’autres,  le concept de « compétences » est devenu incontournable dans les écrits sur l’enseignement. Son succès est planétaire. Aux États-Unis, au Québec et en Europe, « l’obsession des compétences » a défini les lignes de conduite des différentes réformes en éducation (Boutin et Julien, 2000).

L’approche par compétences est née de la rencontre entre le monde de l’entreprise et celui de l’éducation. D’un côté, une double attente du premier qui cherche à rationaliser ses coûts de formation tout en demandant une main d’œuvre adéquatement formée et de l’autre côté, une pédagogie par objectifs inspirée du behaviorisme, du cognitivisme et du constructivisme.

 À la suite du rapport « A nation at risk », sur l’état de l’enseignement américain (US Department of Education 1983), le gouvernement américain a adopté l’approche par compétences. Une éducation axée non seulement sur les résultats (outcome-based education), la performance et l’excellence mais prenant en compte des standards de contenu (qu’est-ce que l’étudiant doit être capable de réaliser ou d’accomplir) et des standards de performance ou benchmarks (quels sont les repères qui permettent d’expliciter un standard de contenu au regard d’un niveau de formation?). Après les États-Unis et la communauté anglophone, dans le monde francophone, le mouvement de réforme pédagogique baptisé « approche par compétences » a commencé par se développer au Québec et en Suisse, avant de s’étendre à l’Europe. Au Québec, le coup d’envoi a été donné par la réforme de l’éducation. Il est alors question de former des élèves ayant non seulement des connaissances, mais surtout des étudiants qui acquièrent des compétences et des « habiletés de haut niveau » et les développent systématiquement jusqu’à l’évaluation.

 Mais qu’entend-on par compétences

 Le MELS (2001) définit une compétence comme un « savoir-agir fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficace d’un ensemble de ressources ». En 2006, Tardif y ajoute les notions de complexité, de type de ressources et de contexte et définit la compétence comme un « savoir-agir complexe prenant appuie sur la mobilisation et l’utilisation efficaces d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille situations ». La définition du cadre européen des certifications (CEC) semble plus générale. En effet, le CEC définit la compétence comme « la capacité avérée d’utiliser des savoirs, des aptitudes et des dispositions personnelles, sociales ou méthodologiques dans des situations de travail ou d’études et pour le développement professionnel ou personnel. Le cadre européen des certifications fait référence aux compétences en termes de prise de responsabilités et d’autonomie » (CEC, 2008).

 Il est donc question d’amener les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre dans différents contextes et à prendre une place dans la vie économique, sociale et culturelle. Ainsi, solliciter les élèves au plan intellectuel et leur fournir des tâches qui présentent beaucoup de liens entre les matières enseignées et la réalité quotidienne pour développer chez eux des habiletés complexes (« résoudre des problèmes », « travailler efficacement en équipe », « exercer son jugement critique », etc.).

 Dans l’approche par compétences, les objectifs ne sont plus de l’ordre des contenus à transférer (enseignement), mais plutôt d’une capacité d’action à atteindre par l’apprenant (apprentissage). Dans ce contexte, une compétence ne se résume donc ni à des savoirs, ni à des savoir-faire ou à des savoir-être, mais à l’ensemble de ces éléments considérés comme des « ressources ». La compétence devient alors la capacité d’un élève à « mobiliser » l’ensemble des ressources pour réaliser une tâche. Beaucoup d’auteurs insistent sur le fait que la mobilisation des ressources pour prouver sa compétence doit se faire en « situations-problèmes » (Roegiers, 2000, Scallon, 2004). L’élève compétent doit pouvoir s’organiser dans des situations nouvelles et inattendues confinées dans le cadre d’une « famille de tâches » déterminée. En résumé, la compétence serait la possibilité pour un élève de mobiliser des ressources (savoirs, savoir faire et savoir–être) dans une famille de situations problèmes.

La compréhension des compétences clarifiée,  dans les prochains blogs seront abordées les questions sur la définition des compétences à acquérir au sein d’une formation, d’un programme, d’un cours; l’opérationnalisation de l’élaboration du référentiel de compétences et l’automatisation de la démarche d’évaluation des compétences au sein d’un ePortfolio.

Références

Boutin, G. ; Julien, L. 2000. L’obsession des compétences, son impact sur l’éducation et la Formation des enseignants, Montréal, Éditions Nouvelles.

Cadre européen des certifications (2008), Le cadre européen des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (CEC), Communautés européennes. Disponible en ligne (27 janvier 2011) : http://europa.eu/legislation_summaries/education_training_youth/lifelong_learning/c11104_fr.htm

MEQ (2001). Programme de formation de l’école québécoise – Éducation préscolaire, enseignement primaire, Québec, Gouvernement du Québec. Disponible en ligne (17 janvier 2011) : http://www.mels.gouv.qc.ca/dgfj/dp/programme_de_formation/primaire/pdf/prform2001nb/prform2001nb.pdf MEQ (2006).

Roegiers, X. (2000) Une pédagogie de l’intégration. Compétences et intégration des acquis dans l’enseignement, Bruxelles, De Boeck

Scallon G. (2004). L’évaluation des apprentissages dans une approche par compétences, Bruxelles, De Boeck Université.

Tardif J. (2006). L’évaluation des compétences. Documenter le parcours de développement, Montréal, Chenelière Éducation.

US Department of Education, 1983. A Nation at Risk : The Imperative for Educational Reform : A Report to the Nation and the Secretary of Education, Washington, D.C, National Commission on Excellence in Education.